ROBERT DE MONTESQUIOU
PARIS
FONTEMOING ETCie, ÉDITEURS
4, RUE LE GOFF, 4
1912
DU MÊME AUTEUR
Volumes de Critique et Recueils d’Essais
Pour paraître prochainement :
Où en est, actuellement, la Comtesse d’Escarbagnas ?Quelle forme affectent, de nos jours,Philaminthe, Armande et Bélise ?
Je ne parle, bien entendu, d’aucune de cellesde nos dames qui pratiquent avec talent, unart pour lequel elles ont de l’aptitude et dugoût.
En effet, si l’on peut reconnaître à Madamed’Escarbagnas, quelque ressemblanceavec Mademoiselle de Scudéri, on ne saurait luien trouver avec Madame de La Fayette.
Non, j’examine seulement, ici, quelques-unesde ces fortes mamans-prodiges, qui percentleurs plafonds, avec des lunettes, et nos oreillesavec leurs tropes, comme avec leurs trompes.
J’ai tout d’abord repris un type de d’Aurevilly,un modèle auquel une personnelle fréquentationet l’étude approfondie de documentsnouveaux, dont plusieurs inédits, me permettaientd’ajouter des traits caractéristiques.
De ce modèle, je me suis demandé si l’onpouvait retrouver l’équivalent, dans notre sociétécontemporaine. Et pour répondre à cettequestion, peut-être indiscrète, j’ai ébauché, enregard de celle que l’auteur des « Bas-Bleus »avait traitée de « Pic de la Mirandole en cornettes »,quelques gestes de l’une, qui pourraiten figurer le simulacre, et de l’autre, qui peutbien en représenter la réalité.
Maintenant, c’est à peine si, venant de citerd’Aurevilly et son ouvrage magistral, je croisdevoir parler de ceux qui, sous prétexte de galanterie,prétendraient remettre en question ledroit du critique à juger, même vertement, lesœuvres de ses confrères féminins.
Voici ma réponse :
Les Dames d’aujourd’hui voudraient-ellesaborder, de pair avec les hommes, toutes lesfonctions et toutes les carrières, politiciennes,médecines, musiciennes, poétesses, épéistes ouchauffeuses, et se voir aborder, à leur tour, avecle même air enrubanné, pirouettant, poudré,sucré, destiné à celles qui ne maniaient quel’éventail ?
Ce serait leur faire injure.
La femme est devenue la camarade del’homme ; mieux, sa concurrente. Pour cellesqui se bornent à rester des Célimènes, maintenonsla bouche en cœur des siècles passés.
Mais les autres nous apparaissent, à nos côtés,en sarrau d’atelier, en blouse de travail. Cela,qui ne les rend que plus estimables, quand ils’agit de l’exercice d’un don réel, permet deleur dire leurs vérités.
Les plus sensées se garderont de s’en plaindre,car cela permet aussi de dire leurs vertus.
R. M.
« Reçu un mot tout gracieux deSaint-Saëns malade, mais contentdu tambourin chargé de fleurs etde la nomenclature de ses œuvres. »
Marquise de Blocqueville.
Un homme dont le succès personnel accréditaitla parole, en cette