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LA VIE D'ERNEST PSICHARI


Par Henri Massis

NOTE DU TRANSCRIPTEUR:Les renvois numériques [1] à [41] réfèrent aux notes à la fin du livre.Les renvois alphabétiques [a] à [f], dans l'édition originale, étaient des renvois au bas de page. Dans ce texte, ces notes ont été placées à la fin du paragraphe ou le renvoi apparait.

JE VOIS LE PETIT-FILS DE RENAN.—QUE FAIT-IL?—IL EST PAR TERRE LES BRAS EN CROIX, AVEC LECOEUR ARRACHÉ ET SA FIGURE EST COMME CELLED'UN ANGE. IL A LE SIGNE SUR LUI DU TROUPEAUDE SAINT DOMINIQUE.—TU VOIS SON CORPS,MAIS SON AME, DIS-NOUS, OU EST-ELLE?—SAINTDOMINIQUE L'ENVELOPPE DANS SON GRAND MANTEAUAVEC LES AUTRES TONDUS.—PAUL CLAUDEL.

Voici nos destinées et voici notre chef.Cette vie, soudain rompue dans sacourse rapide et dont la plénitudeincomparable semble vouloir restreindre labrièveté tragique, ce n'est point seulement labiographie d'un jeune homme qui chercha sesmodèles parmi les héros et les saints, c'estl'histoire exemplaire de notre âge, c'est,fraternellement soufferte, partagée, vécue, laPassion de toute une jeunesse, avec elle accompliedans le sang de la plus belle mort.

De sa génération, Ernest Psichari connut toutes lesfièvres, tous les troubles, puis les espérances, le fierredressement, la mission. Il prit sa part de ce sombretourment et de cette volonté grandiose: il vouluttout éprouver en son coeur. Mais ce coeur était sisérieux et si brûlé de flamme qu'il jetait sa lumièresur nos destins: il nous éclairait en se consumant.C'est notre jeunesse qui s'exaltait en lui. Toujoursen avance sur ses compagnons, Psicharicourait pour montrer la voie: et certains necomprirent qu'en mourant avec lui vers quelterme glorieux il les voulait mener.

Sa vie ne fut qu'une lutte spirituelle, un combatd'âme, mais ce combat était celui-là même qui selivrait dans l'âme de toute une race. Retracer sonhistoire qui est la préfiguration de la nôtre, c'estprendre un exemplaire sublime parmi les innombrablesvies qui se sont sacrifiées pour la Franceet pour Dieu.

Il fut notre modèle: il continuera de nousenseigner et de nous secourir. Ce jeune hommeivre de sacrifice, la France chrétienne peut l'invoquerdans ses prières: il n'a vécu que pour elle,il lui avait voué son esprit et son coeur; il lui adonné sa chair juvénile. Ce héros grave et tendre,qui vit dans la Lumière qu'il avait douloureusementdésirée, ne cessera point de nous être fraternel.

On se souvient quelle stupeur ce fut parmi nosaînés, quand on vit le petit-fils de Renan, le filsde Jean Psichari1, abandonner ses cours de Sorbonnepour élire la carrière des armes, mener uneaction française dans la brousse africaine, exalterpar ses livres et par ses gestes les vertus de laguerre. Dès l'abord, certains lettrés ne trouvèrentdans cet enthousiasme qu'une manière de dilettantisme,le dégoût d'une intelligence gorgée de paradoxesaudacieux et qui jouissait de l'extrêmebarbarie comme d'autres de l'extrême civilisation.Sous la prose fluide, chantante et harmonieuse deTerres de Soleil et de Sommeil (1908) où ce«revenant nouveau venu» célébrait la vie frusteet primitive du désert, ils ne voulurent entendrequ'un écho de l'enchanteur: ils s'y plurent commeà un «mystérieux recommencement».

Elle était pourtant bien opposante, la volontéde ce jeune soldat, et l'Appel des Armes (1912)le signifia avec violence. Ce qu'il voulait de touteson énergie tendue, c'était prendre contre son pèrele parti de ses pères,—for

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