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JOURNAL

DE

EUGÈNE DELACROIX

TOME TROISIÈME

1855-1863

SUIVI D'UNE TABLE ALPHABÉTIQUE

DES NOMS ET DES ŒUVRES CITÉS

NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS PAR MM. PAUL FLAT ET RENÉ PIOT

Portraits et fac-simile

PARIS
LIBRAIRIE PLON
PLON-NOURRIT ET Cie IMPRIMEURS-ÉDITEURS
RUE GARANCIÈRE 10e
1895

[p. 1]

JOURNAL

DE

EUGÈNE DELACROIX


1855

Paris, 8 janvier.—Dîné chez Mme de Blocqueville[1] avec Cousin[2].Singulière maison.

Cousin, en sortant, m'assure que, toutes informations prises, elle estfort honnête, sauf les petits loisirs que lui laisse l'absence de sonmari, avec qui elle vit mal, mais qui ne fait que des apparitions.

Je m'accroche à lui pour retourner chez Thiers[3]; il n'y était pas, nisa femme. Mme Dosne m'invite pour le vendredi de la semaine suivante.

[p. 2]

*

9 janvier.—Dîné enfin chez la princesse[4], après avoir refusédeux fois, je crois, à cause de mon malaise, suite de la grippe.—Serappeler une sonate de Mozart qu'elle joue seule.

Berryer y est venu, ainsi que les dames de Vaufreland. Il m'a mené chezMme de Lagrange, à qui je devais une visite depuis le dîner que j'yavais fait il y a longtemps déjà, le jour où j'avais causé longuementavec la princesse.

—Magnifique sujet: Noé sacrifiant avec sa famille après le déluge:les animaux se répandent sur la terre, les oiseaux dans les airs; lesmonstres condamnés par la sagesse divine gisent à moitié enfouis dansla vase; les branches dégouttantes se redressent vers le ciel[5].

*

20 janvier.—Chez Viardot[6]. Musique de Gluck chantée admirablementpar sa femme.

Le philosophe Chenavard ne disait plus que la musique est le dernierdes arts! Je lui disais que les paroles de ces opéras étaientadmirables. Il faut des grandes divisions tranchées; ces vers arrangéssur ceux de Racine et par conséquent défigurés, font un effet bien pluspuissant avec la musique.

[p. 3]

Le lendemain dimanche, chez Tattet[7]. Membrée[8] a chanté des morceauxde sa composition; celui des Étudiants serait mauvais, même avec laplus belle musique. C'est un petit opéra sans récitatif, c'est-à-direque le récit et le chant ne font qu'un; c'est fatigant pour l'esprit,qui n'est ni au récit ni à la musique, tout en courant à chaque instantaprès l'un et l'autre. Nouvelle preuve qu'il ne faut pas sortir deslois qui ont été trouvées au commencement sur tous les arts. Racontezce qu'il vous plaira avec les récitatifs, mais avec

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