In - 8° 5esérie.
LE
MONT SAINT-MICHEL
SON HISTOIRE ET SA LÉGENDE
Par Mlle Amory deLANGERACK
CINQUIÈME ÉDITION
Ouvrage orné de gravures.
PARIS
Rue des Saints-Pères, 30
J. LEFORT, IMPRIMEUR, ÉDITEUR
A. TAFFIN-LEFORT, Successeur
Rue Charles de Muyssart, 24
LILLE
Propriété et droit de traductionréservés.
LE
MONT SAINT-MICHEL
Un grand évêque, saint Aubert, occupait, en 708,le siège épiscopal d’Avranches. Le mont Tumba s’élevait près delà. Aubert, frappé de la poésie grandiose et mystique du lieu, yfit bâtir une petite église en l’honneur de saint Michel. Ce sontles premiers vestiges que l’histoire nous offre de cette célèbreabbaye, que tant de titres recommandent à la religion, à lapoésie, à notre culte patriotique pour les origines et lestraditions de notre beau pays de France.
Tantôt isolé au sein d’une immense plaine desable mouvant, tantôt entouré des flots de la mer qui se brisentsur ses flancs, le mont Saint-Michel est encore l’une descuriosités géographiques les plus étranges de l’Europe. Ce lieusemble créé pour toutes les luttes de l’esprit et de la matière,et il n’est pas étonnant qu’il ait été la scène gigantesque de nosluttes nationales avec le plus vieil adversaire de notre gloire:l’Angleterre.
Il n’y a pas encore si longtemps qu’unemajestueuse basilique couronnait la cime de cette montagne,fréquentée dans ce temps-là par des processions de pèlerins, tantnobles que pauvres ou bourgeois, accourus de toutes les contréesde l’Europe pour honorer l’archange protecteur de la France et desa brillante monarchie. Une hospitalité toute chrétienne attendaitle voyageur dans le monastère, où de pieux cénobites, dignes destemps qu’a réveillés si éloquemment M. de Montalembert dans sonHistoire des Moines d’Occident, s’étaient renfermés,attirés par la majesté et le silence de cette sainte solitude.
Saint Aubert était né dans le diocèsed’Avranches.
C’était un enfant béni de cette vieille etrustique terre de Normandie. Sorti d’une famille noble et riche,il renonça au monde pour embrasser la sublime égalité del’Évangile, et distribua ses biens aux pauvres pour ne garderd’autres trésors que ceux que la rouille et les vers ne consumentpas. Aussi fut-il bientôt assez riche en vertus et en saintetépour que Dieu lui octroyât le don des miracles.
Dans son amour de la retraite, cet amour qui aisolé de ce monde presque tous nos saints, parce que Dieu ne parleà l’âme que seul à seule avec elle, saint Aubert avait choisi pouroratoire ce mont Tumba, où les beautés d’une nature sauvage etterrible semblaient appeler les harmonies du ciel autour de