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PIERRE MILLE

NASR’EDDINE
ET
SON ÉPOUSE

PARIS
CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS
3, RUE AUBER, 3

CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS

DU MÊME AUTEUR

Format in-18.

BARNAVAUX ET QUELQUES FEMMES1 vol.
LA BICHE ÉCRASÉE— 
CAILLOU ET TILI1 —
LOUISE ET BARNAVAUX1 —
LE MONARQUE1 —
SOUS LEUR DICTÉE1 —
SUR LA VASTE TERRE1 —

Coulommiers. Imp. Paul BRODARD.

Il a été tiré de cet ouvrage
VINGT EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE HOLLANDE
tous numérotés.

Droits de traduction, de reproduction réservéspour tous les pays.

Copyright, 1918, by Calmann-Lévy.

PRÉFACE

Nasr’eddine-Hodja est un personnagehistorique : il vécut au début du XVe siècleà la cour du glorieux Timour, leconquérant de la Perse, de l’Arménie,de la Russie et de l’Inde. Ce souverainn’était pas sans présenter quelques rapportsavec certains monarques de nosjours : il dressa, pour sa gloire, unepyramide de quatre-vingt-dix mille têtescoupées, fit une fois massacrer mille petitsenfants avant son déjeuner, éleva à unhaut degré de perfection l’organisationmilitaire, industrielle et administrativede son empire, et fonda des écoles scientifiques.Il était également fort pieux.

Parmi les saints et les savants de sonentourage se trouvait Nasr’eddine. On nesait comment ce très distingué personnage,lumière de la théologie et de lajurisprudence, s’est vu peu à peu transformé,dans la mémoire des peuples, enune sorte de bouffon ; mais nous ne saurionsnous en étonner à l’excès : la mêmeaventure échut au roi Dagobert. C’estpeut-être que les peuples conquis, aprèsavoir tremblé sous leurs vainqueurs, s’envengent en les raillant. En tous cas l’ondécouvre, dans les plus anciennes aventuresattribuées à Nasr’eddine, la tracede la malignité persane, et aussi d’unepropension persane à la critique, auschisme, aux hérésies sociales et religieuses.

Cet élément de critique et de malignitéa fait vivre Nasr’eddine jusqu’à nos jours.Car, à cette heure encore, en Asie Mineure,à Brousse en particulier, le populairesemble considérer que, s’il est mort, dumoins c’est il y a quelques jours à peine,hier seulement, ou même aujourd’hui.Par surcroît, de simple bouffon il s’esttransformé en une sorte de héros singulier.Il n’a point perdu sa naïveté ; maisson penchant à l’ironie, son scepticismethéologique se sont accrus. Il faut peut-êtrevoir là, chose curieuse, un résultatdu profond respect que les Turcs d’AsieMineure gardent à l’islam. Ils n’oseraientdiscuter ouvertement un point de dogme :l’idée même, je pense, ne leur en vientpas. Mais d’autre part le doute, l’hérésie,le penchant à l’incrédulité, sont dans lanature humaine : et ces fidèles « croyants »alors ne sont pas fâchés d’attribuer leursimpulsions d’impiété à un imbécile. Maisc’est ce qui fait que, peu à peu, le caractèretradition

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