trenarzh-CNnlitjarufafr

DIEUDONAT


Il a été tiré, de cet ouvrage,

VINGT EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE HOLLANDE,

tous numérotés.


EDMOND HARAUCOURT

DIEUDONAT

ROMAN

PARIS

ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR

26, RUE RACINE, 26

Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous les pays,
y compris la Suède et la Norvège.


[Pg 1]

DIEUDONAT


PREMIÈRE PARTIE


I

COMMENT DIEUDONAT VINT AU MONDE, ET QUELLESCIRCONSTANCES ÉTRANGES ACCOMPAGNÈRENT SA NAISSANCE

L'histoire du prince Dieudonat est une bien bellehistoire. Par malheur, elle n'est probablement qu'untissu de mensonges: maintes considérations, eneffet, portent à croire que ce gentilhomme n'a jamaisexisté, et cette raison suffirait à expliquer pourquoinul ne peut dire en quel pays et quel siècle il vivait.Les contradictions, voire les anachronismes les plusingénus, abondent autour de ce personnage. Sansdoute, quelque érudit réussira plus tard à mettre unaccord rigoureux entre des faits qui peut-être ne seproduisirent point: en attendant, nous nous contenteronsmodestement de suivre, tant bien que mal, le[Pg 2]fil des aventures plus ou moins authentiques queplusieurs traditions et quelques documents proposentd'assez bonne foi à la complaisance de notre crédulité.

Il y avait autrefois un couple de grands feudataires,issus de souche royale, qui gouvernaient un immensefief de l'Empire: tout comme Roi et Reine, ils avaientleur capitale, leur armée, leurs sujets. Le Duc senommait Hardouin; la Duchesse, Mahaut. Ils craignaientDieu, et on les craignait presque autant.

On les aimait aussi, en raison de la charité quel'épouse faisait aux pauvres, et de la justice quel'époux s'efforçait de rendre à tous. On disait bien,tout bas, qu'il n'était pas souvent d'esprit judicieuxet qu'il sentenciait au petit bonheur. Également, lesserviteurs du château le prétendaient fort enclin à lacolère; ils ne mentaient pas; mais le Duc avait pourprincipe de ne prendre aucune décision dans le courroux,qui est de mauvais conseil, et les peuples comprenaientsi bien la portée de cette bonne intention,que, pour en exprimer leur gratitude, ils octroyaientà ce seigneur un surnom magnifique: ils l'appelaientHardouin-le-Juste. Car la coutume, en ce temps-là,voulait qu'on vénérât les chefs, en dépit de leursdéfauts, tout comme elle veut aujourd'hui qu'on leshaïsse, en dépit de leurs qualités.

Tout allait donc au mieux, sauf un détail: lecouple souverain n'avait point d'héritier. Ce détailétait d'importance, aux yeux des populations. Elless'inquiétaient: qu'arriverait-il à la mort des maîtresactuels? Quel despote exotique viendrait prendreleur place? L'empereur ne profiterait-il pas de lacirconstance pour adopter le duché, comme un loup[Pg 3]adopte une brebis? L'offrirait-il à son fils Galéas? Leroi Gaïfer à l'Ouest, le roi Aimery à l'Est ne dissimulaientpas non plus leur sympathie pour ces orphelinsde l'avenir, ni leur intention de les prendre entutelle. Or, la province était jalouse de son autonomie:consentirait-elle à subir le joug de l'étranger?Non certes! Le sang coulerait, alors!

—Qui nous affranchira?

Il existait bien, à la Cour, un bâtard du seigneur,qui déjà se faisait grandelet, et qui s'appelait Ludovic;son père l'avait eu d'une infidèle, sous les mursde Jaffa ou de quelque autre ville asiatique, et l'avaitbaptisé, puis rapporté dans ses bagages, par bontéde cœur; mais, à vrai dire, l'enfant n'était c

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!